Le monastère de Morača, vénérable édifice médiéval, se dresse près de la ville de Kolašin, au Monténégro. Situé à 300 mètres d’altitude sur la rive gauche de la rivière Morača, il transcende le temps depuis 1252. Fondé par Stefan Vukanović de la dynastie Nimanie, le monastère est non seulement un lieu de culte mais également un centre emblématique de l’histoire, de l’art et de la spiritualité monténégrins.
L’architecture imposante et pleine de charme du monastère
Érigé sur une plaine naturelle offrant une vue sublimesur le magnifique canyon de la rivière, Morača est un monastère qui s’intègre harmonieusement dans son environnement. La rivière, bordée par la cascade de Svetigora, ajoute au charme singulier du site. Cette cascade se jette dans la Morača, embellissant encore davantage les jardins du monastère.
L’ensemble du complexe monastique comprend deux églises : l’église principale dédiée à la Dormition de la Mère de Dieu (Uspenje Bogorodice), et une église plus petite dédiée à Saint Nicolas (Sveti Nikola). La principale église, monumentale et à une seule nef, est bâtie dans le style architectural de Raška, typique de l’époque médiévale du royaume serbe. Bien qu’elle rappelle d’autres églises serbes telles que celles de Studenica et de Mileševa, l’église de Morača se distingue par ses murs enduits, contrastant avec les églises côtières méditerranéennes du Monténégro. À l’entrée, un portail monumental, réalisé dans le style roman, laisse entrevoir la richesse architecturale de cet édifice sacré.
L’église principale mesure 22,7 mètres de longueur, 6,36 mètres de largeur, et atteint une hauteur de 23 mètres au sommet de la croix. Elle est recouverte de marbre gris, conférant à l’édifice une allure majestueuse. Plus petite, l’église de Saint Nicolas atteint seulement 6 mètres de hauteur pour une longueur et une largeur d’environ 5 mètres.
Consultez aussi : La richesse historique et culturelle de Cetinje, ancienne capitale royale du Monténégro
Les fresques et œuvres d’art : un trésor de l’art byzantin
Ce qui rend le monastère de Morača particulièrement unique, ce sont les fresques et les icônes qui ornent ses murs. La fresque la plus célèbre est celle intitulée « Le Corbeau nourrissant le prophète Élie, » réalisée au XIIIe siècle. Elle fait partie d’une série de fresques décrivant la vie du prophète Élie. Bien que certaines fresques se soient détériorées au fil du temps, celles datant du XIIIe siècle sont réputées pour leur qualité et leur importance historique.
Les fresques de Morača se divisent en deux grandes périodes : celles du XIIIe siècle et d’autres du XVIe siècle, attribuées au maître Georgije Mitrofanović. La fresque datant de 1577-1578 représentant « Le Paradis et le giron d’Abraham » ainsi que « Satan sur la bête à deux têtes » sont particulièrement remarquables. Ces fresques de la Renaissance byzantine ont apporté une richesse artistique inestimable et une influence durable sur la région.
L’école de peinture de Morača est considérée comme l’une des plus grandes réussites de l’art byzantin. Caractérisées par des lignes épaisses et des mouvements doux, les fresques montrent des figures dans des proportions équilibrées et non hiérarchiques. En matière de couleurs, l’école de Morača a même surpassé les peintures de Studenica et de Mileševa, se distinguant par des tons nuancés et un modelé raffiné.
Outre les fresques, le monastère abrite de superbes icônes. Deux d’entre elles, représentant Saint Sava et Saint Luka, sont considérées comme les plus précieux témoignages de l’art de l’icône dans la péninsule balkanique.
Les reliques et artefacts : un patrimoine sacré
Le monastère de Morača conserve également de nombreuses reliques et objets anciens. Parmi les plus précieuses se trouvent une main attribuée à Saint Haralampije, des croix gravées, un baptistère en marbre, ainsi qu’un bâton qui, selon la légende, aurait appartenu à Saint Sava. Une autre pièce remarquable est une croix en noyer, réalisée au XVIe siècle, qui aurait demandé 11 années de travail minutieux.
Consultez aussi : Que faire en une semaine en Monténégro ?
Une histoire mouvementée
Le monastère de Morača a traversé les siècles, témoin de nombreux événements historiques. Construit sous le règne précoce de la dynastie des Nemanjić, cette merveille du pays a survécu aux invasions, aux occupations et aux destructions, notamment par l’Empire ottoman au XVIe siècle. La région de Morača fut annexée par les Ottomans, et le monastère subit des dommages significatifs, y compris la perte de nombreuses œuvres d’art. Pourtant, il a été patiemment restauré, renaissant de ses propres cendres tel un phénix.
Visite au monastère de Morača : un voyage intemporel
En visitant le monastère de Morača, vous ne découvrirez pas seulement un édifice religieux mais également un morceau de l’histoire vivante du Monténégro. Chaque pierre, chaque fresque, chaque icône raconte une histoire. Une légende locale relate que le monastère a été construit avec une pierre jaune spéciale issue d’une région éloignée. Pour acheminer cette pierre, les habitants auraient formé une longue chaîne humaine sur des dizaines de kilomètres, transportant la pierre de main en main.
Le monastère de Morača est bien plus qu’un simple lieu de culte. C’est un témoignage vivant de l’histoire, de l’art et de la spiritualité monténégrins. Quiconque entre dans ce sanctuaire est immédiatement plongé dans une époque révolue, où la foi, la culture et l’art s’entremêlaient harmonieusement. Une visite au monastère de Morača est une expérience inoubliable, une véritable plongée au cœur de l’âme monténégrine.
En parcourant ses ruelles, en admirant ses fresques et en contemplant ses reliques, vous comprendrez pourquoi ce monastère est vénéré non seulement pour sa beauté architecturale, mais aussi pour son importance culturelle et spirituelle dans le pays. Lors de votre prochain road trip au Monténégro, une visite au monastère de Morača s’impose comme une étape incontournable. La richesse historique et spirituelle de ce lieu en fait un joyau inestimable, offrant à ses visiteurs une expérience à la fois éducative et profondément conmémorante.